« À Tarbes, il y a un bel esprit »
Rencontre. En désaccord financier avec Pau où il évoluait la saison dernière, Jorge Garcia s'était résigné à jouer en fédérale 1, à Oloron… avant que le TPR ne le relance. Il ne le regrette pas.
Il est arrivé quelques semaines après le coup d'envoi de la saison. Jorge Garcia. Pilier passé par la Charente-Maritime, le Pays basque, le Béarn et portant désormais le « rouge et blanc » du TPR.
La Rochelle, Bayonne, Pau et Tarbes. Vous êtes devenu l'un des Argentins parmi les plus anciens évoluant en France.
Oui, ça va faire dix ans que je suis arrivé chez vous. J'ai dû passer cinq ou six ans à La Rochelle, deux à Bayonne, deux et demi à Pau et maintenant à Tarbes.
Pourquoi votre parcours s'est-il accéléré de la sorte depuis votre départ de La Rochelle ?
Je suppose que c'est le rugby professionnel. À Bayonne, Jean-Pierre Elissalde, que j'avais connu à La Rochelle et avec qui tout s'était bien passé, m'a dit, tu as un mois pour trouver un club ! À la Section, les dirigeants m'avaient promis de reconduire mon contrat. Mais trois jours avant la fin de la saison, Thierry Cleda, avec qui j'avais joué à l'Aviron, m'a fait une proposition financière que j'ai jugée irrecevable.
Vous étiez trop gourmand ?
Non, pas du tout ! J'étais parfaitement conscient de la situation économique mais c'est la manière qui m'a déplu. J'ai eu le sentiment d'avoir été trahi.
Mais vous, vous aviez au moins une proposition à l'inverse de beaucoup d'autres.
Mais je vous l'ai dit, je suis conscient de la situation générale et je ne suis pas exigeant financièrement mais au tarif proposé, ce n'était pas possible. Je n'ai pas compris d'autant que je pensais n'avoir jamais démérité. En plus, j'étais prêt à faire un effort financier mais là…
Et puis il y a eu l'appel du pied de Tarbes.
Oui, j'étais parti à Oloron, en fédérale 1. Dans mon esprit, j'étais un peu agacé parce que je ne souhaitais pas mettre un terme à ma carrière professionnelle. Alors, quand Tarbes m'a proposé un contrat de deux ans, j'ai été très heureux. À 32 ans, je me sens encore très bien physiquement. Et puis à Tarbes, j'ai retrouvé Razvan (Mavrodin), avec lequel j'avais joué à Pau.
Quelle image aviez-vous du TPR ?
Pour l'avoir rencontré une fois au Hameau, je savais que c'était une équipe très rude physiquement mais aussi que les joueurs ne lâchaient rien. Il y a un esprit ici, le groupe vit bien. Et puis il y a pas mal de jeunes qui amènent beaucoup de fraîcheur. Sinon sur ce match au Hameau, je me souviens que nous avions souffert en mêlée. Mais je voudrais dire ceci…
…oui !
Dans les sondages, la presse nous donne moribonds mais on va prouver qu'on a des valeurs.
Tu es un pilier droit de formation ?
Oui mais je peux dépanner à gauche.
On évoquait le contexte délicat, les rugbymen n'ont pas été épargnés, nombreux se sont retrouvés sur le carreau.
Oui, je vois où vous voulez en venir. Je suis en train de passer une licence de gestion en management. De toute façon, je pense que lorsque ma carrière de rugbyman prendra fin, on regagnera l'Argentine.
Vous avez prévu votre reconversion ?
Mon père, qui commence à avancer en âge, possède une petite exploitation à Santiago del Estero, à côté de Tucuman, dans le nord de l'Argentine. Il n'est pas impossible que je prenne la suite.
Il vous reste encore un peu de temps à jouer mais quel bilan, d'ores et déjà, tireriez-vous de votre passage en France ?
Pour moi, ce fut très enrichissant. J'y ai appris une nouvelle langue et puis j'ai découvert un autre mode de vie.
Qu'est-ce qui vous a plu en priorité ?
Je trouve que tout y est organisé et rigoureux.
Et le plus déplaisant ?
La météo. À côté de chez moi, où tout est sec parce qu'il y a tout le temps du soleil, quelle différence !
Quel est le personnage qui vous a le plus marqué ?
(long temps d'hésitation) Il y en a eu tellement. Je ne dirais pas qu'il m'a marqué, mais c'est Lissandro Arbizu, avec qui j'ai joué à Bayonne. Faut bien comprendre qu'en Argentine, c'est une icône. Mais une icône d'une très grande simplicité.