22 janvier 2018
THIERRY MURIE - Vice-président de la FFR, chargé du rugby amateur
À MI-SAISON, LA FÉDÉRALE 1 ÉLITE EST DEVENUE LE CIMETIÈRE DES AMBITIEUX. IL FAUT CHANGER LA FORMULE, RAPIDEMENT.
Propos recueillis Pierre-Laurent GOU pierre-laurent.gou@midi-olympique.fr
La FFR a annoncé ce jeudi que seules cinq équipes de la poule élite de F1 pourraient postulerà la montée en Pro D2. Pourquoi une telle décision ?
Il faut revenir à la génèse de celle-ci ! Il s’agissait de préparer les clubs qui le souhaitent à une montée dans le monde professionnel, sans oublier tous ces présidents de la Fédérale 1 classique qui, à l’époque, étaient vent debout contre ces équipes professionnelles, aux joueurs athlétiques, qui mettaient en danger leurs équipes et qui ne leur laissaient quasiment aucune chance de disputer les phases finales. Pour mettre fin à tout cela, on a mis en place la poule élite qui est censée regrouper toutes les équipes qui postulent au Pro D2 et répondent à un cahier des charges bien précis qui leur a été transmis en juin.
Quel est le constat ?
Il est globalement positif. Les clubs qui sont passés par la poule d’accession et qui sont montés parviennent à se maintenir à l’étage supérieur. Certains font des parcours intéressants et stables en Pro D2 . A contrario, dans l’ancien système on voyait des formations redescendre presque aussi vite qu’elles étaient montées.Au niveau du Jean-Prat, avec le regroupement géographique, les longs déplacements pour jouer au plus haut niveau national ne sont plus un problème. Le Jean- Prat donne satisfaction aux équipes qui le disputent. Ensuite, l’exposition médiatique de la Fédérale 1 est satisfaisante. La « troisième division » a trouvé un public. Les audiences TV sont excellentes, certains matchs du vendredi soir obtiennent des scores supérieurs au match de Pro D2 retransmis.
Pourquoi seulement cinq postulants alors ?
Parce que certains clubs nous ont menti et n’ont pas respecté le cahier des charges. Ils n’ont pas respecté leurs engagements ! C’est bien d’avoir de l’ambition mais, souvent, les ambitions se limitent aux résultats de l’équipe première alors que les parties administratives et financières ressemblent souvent à un désert. Résultat, on se retrouve avec une compétition tronquée en cours de saison, où le sportif n’existe plus.
Quelle peut être la solution ?
Il faut clairement changer de formule. On ne peut pas continue comme cela. Il faut une division intermédiaire entre le Jean-Prat et le Pro D2 mais il faut aussi des clubs pour y jouer ! On ne peut pas teni avec seulement six clubs ! Il faut au minimum dix équipes ! Une des solutions peut être de ne permettre qu’une seule montée par saison à l’issue de la phase régulière et d’accompagner les autres clubs pour qu’ils se préparent au Pro D2. Clairement, il faut taper du poing sur la table et assainir cette division. Cela va peut-être prendre deux ou trois ans mais la FFR ne lâchera pas. Les tricheurs et les clubs qui ne respectent pas leur engagement seront sanctionnés.
Y aura-t-il une poule élite l’an prochain ?
Vendredi a eu lieu une grande concertation avec la Ligue, Provale, Tech XV et la DNACG. Nous avons lissé ensemble le comparatif des deux cahiers des charges, le nôtre et celui de la LNR pour le Pro D2. Nous avons aussi effectué le même constat, implacable et sans appel : la structuration financière des clubs qui souhaitent y participer doit être accompagnée, la structuration administrative doit être une priorité au détriment de recrutements clinquants et non adaptés. Des discussions vont se poursuivre pour limiter le nombre d’accession - relégation entre les deux divisions. D’ici la fin mars nous devrons avoir décidé ou pas de la continuité de la poule d’accession, ou reconstruire notre championnat. La FFR fait son boulot mais comme je l’ai dit aux onze présidents de la poule élite cette saison : faites le vôtre ! Il faut avoir les pieds sur terre, nous n’avons plus que le nom d’amateur ! Certaines pratiques n’ont plus lieu d’être. Les rémunérations occultes, la course à l’armement aveugle, le non-respect des règles sociales a fait son temps.
Les organismes d’état, eux, l’ont bien compris. Notre fédération doit protéger ses clubs mais l’institution ne peut pas porter la responsabilité de certains qui ne veulent pas entendre, ne pas comprendre. Ils doivent reprendre leurs gestions en partant de l’essence même, leurs écoles de rugby, leurs cadets, leurs juniors et les quatre sous qu’il reste répondent à leurs ambitions, et pas l’inverse. Je veillerai à cet équilibre, à cette remise en question. Je l’ai dit à tous, je le ferai qu’ils n’en doutent pas.
Certains clubs de la poule élite seraient sous le coup d’une sanction de la DNACG et même d’une relégation administrative ?
Ce n’est pas à moi d’annoncer ou de commenter ce genre d’information. ■