Cadeau !! Monsieur Rusigby, la plume des coulisses du rugby amateur

Sacré job entraineur 

Et on ne parle pas souvent de l' epouse....apres avoir lu ton article....j' imagine la tete de Madame quand son mari va lui annoncer....  " cherie je viens de prendre une grande decision....j' arrete le rugby !!! Bon par contre ....je vais entrainer "

Petite histoire de bus… (Souvenirs)


Une victoire à l’extérieur, ça se fête ! Allez zou, tout le monde au fond du car. D’autant que notre équipe réserve avait gagné aussi. Les bières se descendaient à grande vitesse, quelques chansons fusaient d’ici ou là, on se refaisait le match, on en rajoutait, on était heureux. Stère, (qu’on appelait Stère parce qu’il faisait un mètre cube et pas pour stéroïde…), d’habitude enclin à ce genre de fiesta restait silencieux et à sa place en milieu de bus. Le nez collé à la vitre, il se rongeait les ongles. Il paraissait tracassé. Quelque chose n’allait pas. Pourtant, non seulement on avait gagné, mais on les avait surtout passé sous les roues aussi bien en mêlées fermées que sur toutes les phases de combat. Bien que plus lourd que nous, ceux d’en face n’avaient pas fait le poids.. Une belle victoire, et pourtant Stère faisait la gueule et semblait réfléchir à des choses qui nous échappaient.
- Ho Stère ! Avec nous au fond du car !! Fais-nous la boiteuse !!
- La boiteuse ! La boiteuse !
On l’avait entendue mille fois, on voulait la réentendre encore. Seul Stère la connaissait sur le bout des doigts. Il débutait son tour de chant comme les All Blacks débutaient leur Haka : Jambe fléchie, bras tendu et : « Chiiiiiiiii… » Nous répondions en chœur : « Rhaaaaaa » et c’était parti pour la boiteuse. Un chef d’œuvre.
Mais pas ce soir-là. Stère faisait le sourd. Quand nous avions insisté, on avait juste eu le droit à un « vous faites chier avec vos conneries. », qui ne demandait pas de réponse..
- Qu’est-ce qu’il y a qui va pas mon petit Stère ? T’es blessé ?
- Non ça va, je réfléchis.
- Aïe ! Un pilier qui réfléchit, ça craint.
- Pfff… Tu l’as vu l’autre en face. Leur pilier gauche. Franchement, il ressemblait à rien, je l’ai fait couiner tout l’après-midi. Une vraie pompe. Et pourtant t’as vu ses oreilles ?
- Non, j’ai pas fait gaffe à ses oreilles, qu’est-ce qu’elles avaient ?
- Il t’avait une paire de choux terrible. Le mec, il est bon à nib, il tient rien du tout, il se fait tordre dans tous les sens, et il a une paire de choux à faire lever les foules. C’est dégueulasse, y a pas de justice. C’est à ça que je réfléchis tu vois. Comment qu’on fait pour avoir des choux fleurs ? J’aimerais trop en avoir, ça fait classe, tu trouves pas ?
- Je sais pas, j’ai jamais réfléchi à la question.
- Faut que je trouve un moyen pour en avoir les mêmes. J’ai beau les frotter, faire du oreille contre oreille à l’entraino ou en match, ça marche jamais.
- Ça va venir, t’inquiètes.
- Ouais ben j’aimerais bien que ça vienne maintenant. Cette année, je sens que je vais me coltiner que des gros avec des choux et moi, j’aurai toujours rien. Je suis pas sûr d’être crédible.
Compliqué parfois la métaphysique chez les piliers…

Théorie et pratique.


On s’égare…enfin, je m’égare avec ces histoires de rugby, que j’en oublie parfois de revenir à la réalité pratique du terrain. C’est pourquoi, aujourd’hui nous allons aborder une phase immanquable en fédérale et allons voir qu’en général, la théorie n’a rien à voir avec la pratique.
D’abord la théorie: simple, ficelé, propre ! Match à 15 heures chez des autres. Fin du match aux alentours de 17 heures. Sortie des douches à maximum 17h30. Réception d’après-match dans la foulée. Départ de l’autobus 18h15, voire 18h30 au grand max. On roule deux heures et arrêt casse-croute sur une aire d’autoroute quelconque, pour une arrivée prévue aux alentours de 23 heures. Pas compliqué à comprendre et tout le monde s’en satisfera.
Et maintenant la pratique. Toujours match à 15 heures, toujours une fin de match vers 17 heures, et toujours la réception. Mais celle-là prend plus de temps que prévu parce que Machin retrouve Truc, parce que Bidule avait pas vu Untel depuis des lustres… Et surtout, parce qu’entre 15 heures et 17 heures un fragile n’a rien trouvé de mieux à faire que de se démioler un genou, une épaule, un coude ou un truc de ce genre. Et tout s’écroule. Enfin du moins le timing s’écroule, le plan de jeu n’est plus respecté et le chauffeur de bus sort la calculette à amplitude horaire, vu que notre fragile a été orienté vers les urgences locales qui, comme tout le monde le sait sont archi blindées un dimanche en fin d’après-midi.
3 heures d’attente au bas mot. 3 heures à attendre une radio, suivie d’une visite du toubib pour l’entendre dire que c’est pas grave, qu’il n’ y a rien de cassé. Allez hop, deux comprimés de truc qui font des bulles et un léger bandage et bon retour chez toi.
Alors, comme le reste du groupe est sympa, comme il faut faire jouer la solidarité collective, comme il est plus poli de revenir à la maison avec autant de combattants qu’à l’aller, l’équipe s’adapte et (on l’a tous vécu), se retrouve sur le parking d’un hôpital, sort les glacières de casse-croute et prend son mal en patience en attendant que le boulet de service revienne en compagnie d’un dirigeant. Pendant ces heures d’attente, on l’aura maudit, insulté. Certains auraient même préféré qu’ils le gardent en observation, mais personne ne lui dira. Peut-être qu’en vérité, c’était vrai qu’il avait mal.
Et on arrivera une fois de plus à la maison, plus tard que prévu.
Et, une fois de plus, quand il faudra expliquer ce retard, personne ne nous croira.
Pas facile la vie du joueur de Fédérale…

École de rugby.



Mercredi, jour des gosses.

Moi le mien, il a suivi les copains.
Le mien, il a voulu faire comme son père.
La mienne c’était pour être avec son frère.
Ah tiens, c’est drôle parce que le mien, c’était pour être avec sa sœur.
Le mien, vu qu’il était tout maigre, on s’est dit qu’en jouant, il prendrait un peu de volume.
Le mien, il était parait-il trop gros pour faire autre chose.
Nous, on nous l’a conseillé parce qu’il était timide et que ça lui ferait du bien de s’exprimer sur un terrain, pour la confiance.
Ah ben, le mien, c’est justement parce qu’il était agité. On nous a dit que ça le canaliserait.
Le mien, vu qu’il était bien trop grand pour son âge, ça lui a fait du bien de se frotter à d’autres de sa taille.
Au moins, on l’a pas dans les pattes, deux jours par semaine.
La mienne, ça lui a permis de se défouler en dehors des cours.
Nous, c’est simple, c’est juste parce qu’on habite à côté du stade. C’est pratique.
Le mien, il veut tout faire comme Morgan Parra.
Nous on l’a inscrit, juste parce que quand y a des déplacements, ils se font en car, et qu’on n’est pas obligé de suivre…. De toute façon, il veut pas qu’on vienne.
Le mien, il nous a dit que c’était pour pouvoir faire le malin devant les filles. Parait que ça marche.
Le mien, il a voulu jouer en regardant les matchs à la télé.
Le mien, c’est à cause de son grand-père qui lui a offert un casque et un maillot pour Noël. On a compris le message.
Nous, on s’est fait un peu avoir. A force de le suivre, maintenant on est dirigeant.
Le mien, c’est son prof de gym qui nous a dit qu’il avait les qualités pour.
La mienne, c’est pour nous prouver qu’elle a pas peur de grand-chose. Pourtant, c’est loin d’être un garçon manqué.
De toutes façons, dans la famille, on a tous joué un jour ou l’autre.
1000 bonnes raisons de jouer au rugby.

Deux stades, deux ambiances..


Je sais d’avance que ça va en énerver plus d’un, mais c’est le jeu ma pauvre Lucette..
Il y a un peu plus de 4 ans, au printemps 2017, un prévoyant et trop optimiste rochelais s’était empressé d’acheter deux places pour la finale du Top 14 sans imaginer une seconde que ses idoles allaient se faire cueillir au buzzer par un drop de Belleau. Un tantinet déçu, le supporter proposa ses places à la vente et trouva preneur du coté de Clermont. Les jaunards tout heureux de trouver des places se retrouvèrent le jour de la finale, entourés de Toulonnais bariolés, bruyants, chauvins et tout comme on les aime. Haaaa, pensez-vous. Risquaient-ils de se retrouver en danger au milieu de cette horde de sauvages? Leur intégrité physique allait-elle en prendre un coup ? Pfff, pardi que non ! Leur intégrité hépatique peut-être, car le toulonnais vise le foie en premier chez l’adversaire. A grands coups de pinards en cubi, de bières tièdes et autres breuvages mystérieux, les deux auvergnats dans l’impossibilité de refuser ou d’esquiver afin de ne pas décevoir acceptèrent le sacrifice.. Une belle fête. Avec sur le terrain, des gagnants, des perdants, mais une belle fête du rugby. Parce que le rugby reste une fête. Parce que monter à la capitale reste une fête. Parce que c’est comme ça et que tous les supporters de tous les clubs connaissent le principe : un gagnant, un perdant. Les gagnants exultent, les perdants sont déçus : deux prétextes pour faire une belle bringue. Pas plus compliqué et que cela reste ainsi le plus longtemps possible. Pas de bagarre, pas de combat de rue, pas de lynchage d’autobus.
J’ai pas le souvenir d’avoir entendu un jour quelqu’un estimer en être en danger en allant supporter les siens chez des autres. Un petit chambrage de temps en temps. Quelques sifflets ici ou là, mais rien de plus. D’ailleurs les sifflets sont surtout destinés un petit peu au botteur adverse (qui soit dit en passant, aime bien le principe, ça le motive), ou à l’équipe que les mecs supportent et qui font pas le meilleur match de leur vie.
Elle est là la différence, c’est que dans notre monde, on est pour notre équipe et pas contre l’adversaire. L’adversaire, on s’en fout, on le sait que c’est des méchants, mais ce qui nous intéresse, ce sont les nôtres, ceux qu’on supporte…. Et comme disait ce regretté Lafesse : Pourvu que ça dure…

Quand c’est madame qui décide.

Mais retournes-y bordel ! Tu m’énerves à te voir tourner en rond depuis le mois d’aout. Toute l’année tu dis que c’est plus de ton âge, que les coups font de plus en plus mal, que t’as des courbatures jusqu’au mercredi, que tu comprends plus les jeunes de maintenant, que c’était mieux avant et qu’il faut savoir s’arrêter avant qu’il ne soit trop tard. Et maintenant, tu tiens plus en place. C’est pas en rangeant 20 fois le garage par semaine et en tondant la pelouse 3 fois par jour que tu vas évacuer toute cette frustration. Ça sert à rien de dire que t’arrêtes si c’est pour passer ton temps à te plaindre, à souffler et à relire le Midi Olympique devant les matchs à la télé. J’ai bien compris que les troisième mi-temps c’est pas pareil si t’as pas fait les deux premières avant, et que la bière est moins bonne si tu la bois pas avec une lèvre fendue, une arcade gonflée ou une oreille toute rouge. Je sais bien que l’équipe 3 t’attend, mais que t’es pas encore prêt à aller jouer le dimanche matin contre d’autres vieux comme toi. T’as encore besoin de compétition, de combat et surtout de reconnaissance. T’avais promis que c’était la dernière, parce que t’y croyais, qu’on était en fin de saison et que t’en avais vraiment plein les bottes. Mais en deux mois, t’as rechargé les accus, t’as refait les niveaux et tu te dis que t’es encore capable de rendre service. Alors, retournes-y. Refait ton sac, appelle le coach et dis-lui que t’en refais une autre, comme tous les ans, ça sera mieux pour tout le monde. Remarques bien que tu progresses, t’as tenu jusqu’au mois de septembre cette année.
Je suis sûr que des comme ça, vous en avez aussi...

Eh oui, a un certain âge, il reste l'équipe des veterans. Une fois avec les Mascagnols de Villemur sur Tarn on joue contre Verfeil, veterans. Un mec de chez nous prend un coup de tronche et perd une couronne. Nous voilà tous à quatre pattes en train de chercher sa couronne. Avec les commentaires de certains " moi sur un pet comme ça je perdais mes 2 couronnes" un autre " putain ! Faut que je fasse gaffe à mon bridge", et toi tu te dis, bienvenue chez les vieux

La nuit du rugby..


J’ai regardé et je n’ai pas envie de tirer sur l’ambulance. J’ai regardé comme vous certainement. J’ai regardé en me disant que nous, rugbymen, n’étions ni faits, ni préparés pour ce genre d’évènement. Peut-être est-ce de notre faute. Cette habitude à vouloir rester entre nous. Cette tradition à vouloir rester un peu secret, un peu évasif, un peu mystérieux quant à nos habitudes, nos fêtes, nos vestiaires. Et là, on leur demande de s’exposer, de prendre le micro, de remercier tout le monde, et on voit qu’ils et elles ne sont pas habitués à recevoir des prix individuels. Toto était gêné, Melvyn ne savait pas trop quoi dire, Séraphine savait très bien que pour briller et marquer, il fallait que les autres lui envoient le ballon. Pas un n’avait l’air de se sentir légitime dans ce rôle de lauréat. On n’est rien sans les autres. Alors pourquoi décerner des récompenses individuelles ? Même les staffs ont bredouillé deux ou trois mots lisses et classiques.
Et on voyait Isabelle sortir les rames et tenter de maintenir le bateau à flot.
Et puis Monsieur Poulpe, Artus, Camille Lellouche, y sont allés à qui mieux mieux sur les clichés qu’on a tous entendus au moins 1000 fois. La musculature des joueurs, la violence des cartouches, les oreilles en choux…. Rien de bien neuf… Et c’est là qu’on se rend compte qu’on vit dans notre monde, qu’on a notre propre vocabulaire, nos propres expressions, nos propres tradition et qu’il est super compliqué d’y être légitime si on ni a jamais mis le nez ou si on se contente de regarder un match de temps en temps à la télé. Si l’on n’a pas été joueur, entraineur, dirigeant, bénévole, éducateur, arbitre, on a du mal à comprendre. Et c’est peut-être là qu’on sait pas faire pour justement montrer autre chose que ces clichés. Peut-être qu’un jour on saura.
Et peut-être aussi que le grand public a apprécié, et ce serait tant mieux. Mais il paraissait évident que les professionnels présents avaient l’air gêné et surtout pas à leur place dans ces petits fauteuils..
Heureusement Marjorie a su faire passer un beau discours…C’était peut-être bien le seul moment où j’étais content de regarder cette nuit du rugby..

Le pilier (tout court).



Certains diront que commencer par les piliers est parfait pour bien se moquer. Parce que c’est comme ça, dans le rugby, on aime bien se moquer des piliers. En même temps, c’est pas dans les autres sports qu’on peut s’en moquer, vu qu’ailleurs y en n’a pas, et surtout, ailleurs, ils en ont peur.
Techniquement, il existe deux sortes de piliers : le gauche, pour tordre le pilier droit adverse. Et le droit pour tenir la baraque. Chacun a un rôle assez précis, mais si on s’intéresse au rugby même depuis longtemps et si on n’a jamais eu la chance de jouer pilier, on sait pas trop comment ça marche en mêlée, ni qui fait le boucher et qui fait le veau. Entre celui qui rentre trop tôt, celui qui rentre trop tard, celui qui baisse, celui qui pousse en travers à cause de l’autre qui le fait pousser en travers exprès, et celui qui a les épaules plus basses que le bassin (on se comprend), c’est toujours le mauvais pilier qui se fait sanctionner. Enfin, c’est surtout toujours le pilier de ton équipe qui se fait gauler. Une incompréhension totale !
Physiquement, il existe aussi deux sortes de piliers : celui qu’a pas eu le choix et qui a su dès sa tendre enfance qu’il finirait à la pile. Celui-là, mefia te, c’est du solide, du élevé sous la mère, du qui fait pas rire, du qui parle pas beaucoup, du qui se contente de son rôle en tronche et qui estime que le reste, c’est rien que du cinéma pour faire les intéressants.
Et y a ceux qui n’ont rien vu venir. Je vous cache pas que ceux-là, c’est les mieux. Ceux qui sont devenus piliers sur un malentendu. En général, le malentendu arrive à l’intersaison, quand, à force de commander des Kebabs frites et que le Kebabier demande : « avec quelle sauce ? » et que notre gars répond : « toutes ! » Quand il reprend l’entrainement avec son numéro 2 ou 4 ou 6 dans le dos, l’entraineur vient le voir et lui parle de reconversion, de « un peu juste sur certains postes » de gagner du temps de jeu, de « tu seras quand même plus utile ici » . Là notre grassouillet comprend que s’il veut jouer, va falloir mettre de la vaseline sur les tempes, et il accepte en se disant secrètement qu’il va devoir sérieusement penser à entamer un régime.
Malheureusement, depuis quelques temps, le pilier local a du mal à percer à haut niveau et se voit assez souvent remplacer par quelques pilierdroitschvili ou piliergauchadze solides des reins et plutôt fiables. Nos piliers du cru, maintenant qu’il est interdit de boire le sang de l’adversaire et de manger des poulets vivants, ont vraiment du mal à se faire une place. Pourtant, historiquement, nos solides pilars venaient souvent de régions rurales et aimaient garder cette image de bourrus, mangeurs de viande.
Mais pour cette confrérie secrète, le début des années 2000, fut vécu comme une très grande catastrophe et une immense injustice. Leur monde s’est quasiment écroulé quand quelques margoulins en mal de reconnaissance imposèrent le maillot moulant à l’ensemble des équipes. Adieu maillot en coton capable de dissimuler quelques formes trop en forme. C’est donc à cette époque qu’on parla aux piliers de diététique, de musculation et d’explosivité. Un vrai scandale, car jusqu’alors, nos indispensables petits gros se contentaient de soulever quelques sacs de patates de 50 kg pour s’en aller ensuite les manger entre eux. Mais maintenant, c’est plus possible, Fabien, il veut plus, il dit que c’est pas club.

Quand je pense que Garuet s'était fait des haltères avec des bidons Castrol remplis de ciment et qu'il livrait des sacs de 50 kgs de patates, chacun sous un bras à la Coopé du Foirail.... Une autre époque, c'est vrai

Le talonneur


Après le monde mystérieux des piliers, intéressons-nous maintenant à un autre poste qui reste aussi un grand mystère: le talonneur ! Talonneur, que certains pour faire les experts appellent aussi le talon ou le talonnier.
Les jaloux, les envieux et les aigris aiment à dire que le talonneur à son QI affiché dans le dos et sincèrement, je trouve cette image un tantinet exagérée. Regardez chez nous à Issoire, eh bien il se trouve que notre talonneur a…. non, désolé, ce n’était pas un bon exemple. Le nôtre de talonneur, le jour ou un entraineur lui a expliqué texto : « vu que t’as pas l’air très malin, ce soir tu seras talonneur ! », il a rien trouvé de mieux à répondre que : « je suis peut-être pas très malin, mais je sais qu’on dit pas tu serat à l’honneur, mais qu’on dit : tu seras à l’honneur….Alors hein ! »….. C’est comme ça qu’il a gagné définitivement sa place.
Pourtant, il doit bien exister quelque part dans le monde un numéro deux capable de compter jusqu’à dix sans faire une faute d’orthographe.
Sinon, le talonneur est appelé ainsi parce que son rôle est de talonner le ballon en mêlée et je ne vous cache pas que quand je parle de mêlée, je veux bien entendu parler de mêlée sur introduction de son demi de mêlée. Car s’il reste un semblant de tradition dans ce nouveau rugby, lorsque le talonneur pour je ne sais quelle stupide raison, vient à lever le pied sur introduction adverse, c’est le signal du départ pour une belle relevée de manivelles aussi inefficace qu’inesthétique. Si c’est très bien fait, tout le monde se relève sauf lui. Et après, il le fait plus.
Donc le talonneur se doit de talonner, mais a aussi un autre rôle : celui de lancer en touche. Là aussi, personne ne sait pourquoi c’est à lui de faire ça, vu qu’entre son bandeau qui lui protège les oreilles et qui l’empêche d’entendre son capitaine de touche, et son protège-dent qui déforme tout ce qu’il dit, quand on lui demande d’annoncer (par exemple) 6-2-8 Rouge, le plus sérieusement du monde, le talonneur s’exécute en annonçant: chiche deuchuite chourge ! Et forcément, c’est le cirque dans le couloir…
Après sa carrière, s’il lui reste assez de neurones pour survivre, le talonneur a cet énorme avantage de pouvoir se reconvertir professionnellement assez facilement. En effet, en fonction du nombre d’années où il aura joué à ce poste, il pourra sans problèmes obtenir son certificat d’aptitude professionnelle de pizzaiolo. Les plus nostalgiques en profiteront même pour obtenir la mention complémentaire « calzone » en souvenirs des fois où ils se sont fait plier.
Quoi qu’il en soit, et même si ce poste ne sert pas à grand-chose, il n’en demeure pas moins indispensable. Car souvent dénué d’esprit de préservation de l’espèce, le talonneur aime mettre la tête dans des endroits ou le commun des mortels n’oserait pas mettre les pieds, et malheureusement pour ses coéquipiers, si ce même talonneur respecte à la lettre les consignes de son entraineur, ils doivent aussi s’attendre a régulièrement finir les matchs à 14.

J'ai joué pilar, n°1, et talon. C'est vrai qu'au niveau pizzas......J'aurais fait fortune dans la profession 

Deuxième ligne.


Soyons franc ! Je ne sais pas si ce poste sert à quelque chose, mais ce qu’il y a de sûr, c’est que c’est vraiment un poste ingrat. Déjà parce qu’on dit un deuxième ligne et que le correcteur automatique d’orthographe de Word refuse qu’on écrive un.. Pour lui c’est une, comme une paire.
Parce que les deuxièmes lignes marchent par deux. Comme un attelage de bœufs diront les anciens. Ils marchent par deux et pourtant font partie du cinq de devant avec les deux piliers et le talon.
Maintenant, je dis pas, et peut-être que c’est devenu un poste extrêmement exigeant et hyper technique, comme aiment le dire ceux de la télé qu’ont jamais dû mettre la truffe dans un regroupement. Mais à notre époque de quand on était jeune, pas du tout ! Si t’étais trop grand pour jouer pilier, trop solide pour jouer troisième ligne et trop gros pour jouer derrière, tu te retrouvais deuxième ligne. Ton rôle était alors de faire briller les autres et cela par tous les moyens, légaux ou non. En mêlée, tu devais pousser au cul des piliers et surveiller que le talonneur d’en face n’ait pas la stupide idée de venir talonner sur ton introduction. Sinon : paf ! Donc tu poussais bien fort et quand ton pack prenait le dessus sur celui d’en face, les piliers avaient bien fait leur job et tout le monde les félicitaient. Par contre, si ton paquet passait sous les roues, c’était forcément la faute des deuxièmes lignes qui poussaient pas assez ou mal. Là, les piliers n’y étaient pour rien. Poste ingrat je te dis.
Ensuite et vu que t’étais là uniquement pour les basses œuvres, il était presque interdit de toucher la gobille. A part en touche ou tu devais te débrouiller tout seul pour gagner tes ballons, le reste du temps, t’avais le devoir de t’occuper de tout sauf de la couenne. Pousser, sauter, déblayer, anesthésier, marcher dessus, tordre des doigts, arriver à l’heure et faire la bagarre : oui ! Briller balle en main : non ! Même si par mégarde, il t’arrivait de chopper une balle, lancé au ras et marquer l’essai de la victoire, si t’avais un entraineur puriste, il n’hésitait pas à te faire remarquer que si t’étais là, c’est que t’étais en retard.
Aujourd’hui, c’est plus pareil, et on leur demande d’être partout, tout en gardant quand même les rôles cités plus haut. C’est surement mieux comme ça, mais nous qui avons connu le vrai rôle du deuxième ligne, on trouve quand même que ça galope un peu trop.
Et puis comme dit le proverbe rusigbien : à force de servir à tout, tu finis par servir à rien.. La preuve en est.

Le troisième ligne aile.


Après avoir expliqué vite fait le cinq de devant, que certains se sont entêtés à prendre au premier degré telle des mules qu’ils ont dû être durant leur carrière, en me démontrant que, en me signifiant que… aussi, et en me conseillant certaines choses qui m’ont plutôt fait rire (alors qu’eux, rigolaient pas du tout), je m’en vais maintenant vous expliquer la réputation quelque peu surfaite du poste de troisième ligne aile, qui avouons-le tant qu’ils ne me lisent pas, est vraiment un poste de feignasse.
Déjà parce que tout le monde peut y jouer : les grands maigres, les petits gros, les grands gros, les petits maigres, les rapides, les pas rapides, les musclés, les jeunes ambitieux, les vieux renards et même les normaux. Ce qui prouve bien que ce n’est pas un poste très compliqué. D’ailleurs, si on excepte le fait qu’un troisième ligne aile se doit d’être partout sur un terrain et qu’il a le devoir de pousser en mêlée, de défendre au ras et au large, d’être au soutien des trois-quarts en défense, et qu’il doit aussi batailler dans les rucks, gratter les ballons et sauter en touche, partir au ras et être dans la ligne d’attaque pour créer les surnombres, qu’est-ce qu’il a vraiment d’autre à faire sur un terrain ? Pas grand-chose, avouez-le. Donc, c’est bien une preuve de plus que troisième ligne aile, c’est un poste de feignasse et qu’est pas non plus super utile. Ça lutte un peu en mêlée, mais pas vraiment. Ça saute un peu en touche mais pas tout à fait. Et puis c’est facile aussi d’être troisième ligne aile quand on a 6 ou 8 poumons, des sécateurs à la place des bras, et des viseurs intégrés aux yeux. C’est facile de se la péter quand on n’a pas de rate. J’dis pas qu’ils servent totalement à rien, mais je dis que troisième ligne aile, c’est quand même un poste surfait.
Même qu’en vérité, les troisièmes lignes aile, si dans le milieu, on les appelle les flankers, c’est pas parce que ça fait mieux de parler américain comme ceux qui disent cluster à la place de foyer. Non, flanker, c’est juste qu’à force d’entendre les entraineurs brailler : « mais qui c’est qui m’a flanqué des abrutis pareil ? », on s’y est habitué et on a inventé le mot qui va avec : Flanker.
Ou alors ça s’écrit pas comme ça et plutôt flank’air, comme le Air guitare ou les mecs font croire qu’ils jouent de la gratte en jouant dans le vide. Ah ouais flank’air, pour certains on pouvait pas trouver mieux.

Le troisième ligne centre.


On va pas se mentir. Pas entre nous. Le troisième ligne centre, celui qu’on appelle aussi le huit, qu’est-ce c’est, si c’est pas un deuxième ligne qui court trop vite ou un troisième ligne aile qui sait tenir un ballon sans obligatoirement l’échapper ? C’est juste ça un huit. Un deuxième ligne en bonne condition physique. Pas mieux. Alors après, c’est toujours pareil, on lui fait croire que si on le met là, c’est parce qu’il est technique, explosif et d’autres trucs que lui est le seul à gober. Mais en vérité, si on lui donne ce poste, c’est juste parce qu’il est capable de faire une passe sur un départ 8-9 coté ouvert, et qu’il est pas assez guerrier pour se retrouver dans la cage.
Le seul vrai avantage à jouer troisième ligne centre, c’est que même si t’es en retard, même si t’arrives plus à avancer, t’as le droit de rester dans la ligne de trois-quarts ou en soutien de l’arrière sur du jeu au pied, sans qu’on ne te dise rien. Ça parait tout bête, mais j’en connais que ça arrange bien cette histoire de soutien à l’arrière. Sinon, franchement, c’est pas un vrai poste de spécialiste. Allez-y citez-moi un grand joueur qui n’aurait joué que huit. Un grand joueur à qui on n’aurait pas demandé de jouer un coup flanker coté ouvert, un coup coté fermé, un coup deuxième ligne, voire pilier gauche. Perso, j’en connais pas. C’est bien la preuve que troisième ligne centre, c’est pas un vrai poste, mais bien une escroquerie pour faire plaisir aux soi-disant grands solides qui s’entrainent un peu plus et un peu mieux que les autres.
Bref, tout ça pour dire que : Les troisièmes ligne centre ? Rien que des escrocs. Et je sais de quoi je parle, vous pouvez me croire..

Vraiment très drôle cette revue des postes

Le demi de mêlée


Espiègle, vif, teigneux, meneur d’hommes, éjecteur, passeur, malin, cornac, stratège, lien entre les gros et les gazelles, nanani nanana… En un seul mot (de deux mots) : CASSE-COUILLES ( et pareil chez les filles)! Voilà, c’est dit ! Et, pas de panique ni de jaloux parce que le demi de mêlée à cette faculté extraordinairement extraordinaire d’être casse-couilles aussi bien avec ses coéquipiers qu’avec les adversaires. Alors, c’est bien beau tous ces compliments pour le demi de mêlée, mais la vérité n’est pas toujours aussi belle que la littérature. C’est pile poil la différence entre la pratique et la théorie. Parce qu’en théorie, oui, un demi de mêlée peut être tout ça à la fois. Mais dans la pratique, il est surtout casse-couilles. Il arrête pas de brailler, de lever les bras au ciel, de montrer les hors-jeux à l’arbitre, de pleurer parce que machin bloque le ballon, de faire des feintes de passe que même nous ça nous surprend plus depuis longtemps, ou de tenter le départ au ras sans prévenir.
Et surtout, c’est en général le demi de mêlée qui déclenche les hostilités, comme ils disent dans le poste. C’est lui qui, quand l’entraineur demande de temporiser et de trouver une touche, joue la pénalité à la main ou va péter dans un gros qu’est pas à 10 et que ça énerve. C’est lui qui déclenche les bagarres en faisant croire qu’il est mort. Rassurez-vous quand ça arrive, sachez quand même que c’est pas parce que le demi de mêlée est casse-couille qu’il est forcément idiot. Avant de déclencher une générale, il prend quand même le temps de vérifier si ses gros ne sont pas trop loin. Il veut bien participer à une générale, à la limite en être l’initiateur, mais il lui faut des garanties. Il veut bien poser une boite, mais à la régulière… par derrière. Ou alors une pichenette en sautant par-dessus ses avants. S’il a pas toutes ses garanties, il reste calme , il ne bougera pas une oreille et se contentera de brosser l’arbitre dans le sens du poil.
Et là, je vous parle que du côté rugby pur, parce qu’au niveau sortie culturel, quand le samedi soir au bal du village, il va boire une petite bière avec ses coéquipiers , devinez qui c’est qui fout la zone et qui se barre discrètement quand tout se relève ? Mais oui, vous avez bien deviné.

C'est tellement vrai

Le demi d’ouverture.


Mais attention, le vrai demi d’ouverture qu’on aime, celui qui nous fait rêver : le demi d’ouverture de série. Parce qu’on va pas parler des demi d’ouverture de haut niveau. Ceux la, ils sont pas assez drôles ou viennent de trop loin. On va donc se concentrer sur le demi d’ouverture qui joue en série. Ce demi d'ouverture qui pense que, ou celui qui a été. On va essayer de décortiquer un poste à haut risque et on va tenter de comprendre pourquoi certains ont ce besoin complètement stupide de vouloir jouer demi d’ouverture en même temps que de vouloir jouer au rugby.
Pour être dix de série, y a pas 36 solutions possibles : Soit tu joues 10 parce que t’arrives du football et l’entraineur pense que tu sais à peu près taper dans un ballon. Soit tu viens de plus haut et tu sais encore à peu près analyser le jeu, mais tu peux plus aller aussi vite qu’avant ; à cause de l’âge, à cause du poids, ou à cause des deux. Par contre, si y a bien un secteur ou t’es pas obligé d’être bon, c’est bien la défense. Un bon 10 de série, ne défend pas ! Et ça, c’est quelque chose qu’il a très bien intégré. Des fois il attaque, mais en général ça dure pas trop longtemps. Il a vu à la télé le dix « attaquer » la ligne ou faire une feinte de passe intérieure. Sauf que, même si en face, y a que des troisièmes lignes de série aussi, eux, ils sont pas là pour enfiler des perles. On leur a dit de ne pas s’occuper du ballon, et de ne regarder que les pieds du dix adverse. Alors, tentative de feinte de passe, prise d’intervalle, ou passe dans le tempo : rien à foutre, on découpe ! La fois d’après, notre dix de série reculera un peu plus, même si son neuf (de série aussi) n’aura pas forcément une passe de 20 mètres dans les brandillons, et il se contentera d’un jeu au pied classique, à la recherche d’une bonne touche. Ou alors, il passera directement à son centre en évitant bien les fauves d’en face. Les plus méticuleux pourront aussi tenter la chandelle qui éclairera le jeu. Sur cette phase, il ne montera surtout pas au ballon et se repositionnera derrière l’arrière au cas où.. Mais s’il est vraiment de série, il peut aussi réussir une chandelle arrière, sans que le vent n’y soit pour quelque chose. Mais là, ou excelle le dix de série, c’est bien évidemment sur la passe au pied à son ailier. Il l’a vu faire à la télé et elle a presque marché. Il a donc voulu faire pareil et malheureusement il l’a fait. Sauf qu’il l’a trop dosée, ou pas assez et surtout, même si elle avait été parfaite, son ailier, qu’est de série aussi, ben il était pas au courant et il est resté dans la ligne.
A tous les 10 de série, qu’on aime bien, mais on sait pas

Le trois-quart centre.


Ou peut-être devrais-je dire, les trois quarts centres. Parce qu’ils sont deux. Au rugby, on a déjà assez de mal à expliquer comment compter les points et les 12 000 règles existantes, du coup pour les postes on va au plus simple et surtout pour les centres : y a le premier et le deuxième. Les néoZ, qui veulent toujours faire mieux que tout le monde, parlent de 5/8ème et de centre, mais le résultat est le même.
Soyons francs, ici, chez Monsieur Rusigby, je sais pas si c’est parce qu’on a tous joué devant, mais on n’a jamais vraiment compris le ou les rôles du 12 et du 13. On sait juste qu’ils sont au milieu du terrain et qu’ils se trouvent entre l’ouvreur et les ailiers. Pour le reste, on voit pas trop. Pourtant, y en a eu des légendes à ce poste. Chaque génération a eu son lot de centre de classe mondiale : Boni, Maso, Codorniou, Sella, Jauzion, Basta, Fof etc etc..Et malgré ça, on ne sait toujours pas à quoi ils servent. Essayez, vous verrez. Demandez à un gars qui s’y connait d’expliquer à quoi sert un centre.
En attaque, ils ont deux options : ils attendent, courbés, les mains sur les cuisses que le ballon leur arrive (les plus méticuleux en profitent pour se gratter aussi les roues). Et vu qu’en général le ballon n’arrive pas, leur rôle consiste alors à lever les bras au ciel. Ou alors, si le ballon arrive et qu’eux même arrivent à ne pas l’échapper, ils se dépêchent vite de rentrer tout droit pour faire un petit tas pour ensuite se replacer en attaque. Et là, c’est les ailiers qui lèvent les bras au ciel.
Sinon, on doit pouvoir aussi compter sur eux en défense pour pas que les méchants d’en face franchissent le premier rideau. Des fois ça marche, et des fois l’arrière appellent au secours. Ça dépend.
Quoi qu’il en soit, le centre est forcément au mieux un ouvreur refoulé et au pire un ailier qui ne court pas assez vite. Le genre de joueur qu’on brosse dans le sens du poil pour pas leur montrer qu’on ne sait jamais ou les mettre. « Vu que t’es technique et que tu t’échappes pas trop en défense, tu joueras centre. » Ce qui veut dire dans le jargon des entraineurs : « vu que t’as un coup de pompe de sauterelle et que t’avances comme une charrue, va te mettre au milieu ».

L'ailier



Le rapide fin et racé ?
L'autobus qui fonce tout droit?
Le technicien roi du cad deb?
Rien de tout ça!
On va plutôt parler de l'autre. Celui qui est presque tout ça à la fois, mais pas tout à fait : L'ailier de la réserve.
Et si vous connaissez le rugby qu’à travers le top 14, laissez tomber cette chronique parce qu’autant vous le dire tout de suite, ailier en réserve,c’est pas le poste qui fait le plus rêver. Déjà parce que c’est en réserve, et que même si c’est pas la honte de jouer en réserve, faut quand même savoir que les coéquipiers de l’ailier en réserve sont aussi réservistes et surtout que le match a généralement lieu dans l’anonymat le plus complet aux alentours de 13h30.
A la limite, s’il joue à la maison, ça peut passer. Mais le pire pour l’ailier de la réserve, c’est de jouer à l’extérieur, et en hiver. Là, c’est le kif assuré et la garantie d'avoir une carte fidélité à vie au club SM le plus proche. Il voit pas une gonfle de l’après-midi, et même en mettant sa tête dans les épaules et ses mains dans les manches, il se frigorifie à vue d’œil, si bien que quand par miracle lui arrive un ballon, il n’arrive plus à bouger les doigts et c’est l’en-avant assuré. On aura qu’à dire que c’est le métier qui rentre. Et s’il a en plus la chance de se retrouver côté opposé aux tribunes, il pourra bénéficier des conseils avisés et imagés des spécialistes de la main courante et du vin chaud. Le bonheur total.
Physiquement, l’ailier de la réserve est justement plutôt réservé. On le met à l’aile pour qu’il se fasse les cuisses. Pourtant, quand à l’entrainement, le coach explique la combinaison qui va obligatoirement marcher, c’est lui qui doit finir le boulot et marquer l’essai de la victoire. Au tableau, c’est impec : le neuf passe au dix qui fait une sautée sur le treize pendant que le douze sert de leurre. Ensuite, le treize décale l’ailier qui va marquer tranquillement entre les perches. En vérité ça marche rarement, voire jamais et l’ailier de la réserve attendra donc le prochain entrainement pour espérer toucher le ballon.
Car l’ailier de la réserve a aussi la particularité de rester optimiste quoi qu’il arrive et il sera toujours présent aux entrainements. On peut vraiment compter sur lui, et des comme ça, il en faut toujours pour le bon fonctionnement d’un groupe.
Il rêve secrètement d’être au moins une fois remplaçant en première, et si cela arrive, il cache sa joie quand ses coéquipiers viennent le féliciter. il n’oubliera d’ailleurs pas d’acheter le journal du samedi pour pouvoir y lire son nom avec une certaine fierté.
Sans conteste possible, l’ailier de la réserve n’a que des qualités si on excepte le coté rugby, mais quand par malheur il est absent, il manque un peu…. Des fois, quand il est présent, il manque aussi, mais là, c’est une autre histoire…

L'arrière


Le dernier rideau défensif.
Mais si vous commencez à pouffer de rire rien qu’en lisant le titre, on n’arrivera jamais à définir le poste d’arrière. Et d’abord, c’est quoi qui vous fait rire ? Dernier rideau défensif ? En même temps… Je ne peux pas vous en vouloir. Parce que vous en avez un en tête, qui joue arrière et qui colle pas trop à la définition « de dernier rideau défensif » ? Pas de panique, moi aussi j’en connais plein.
Du coup, on oublie le chapitre défense de l’arrière et on va plutôt se concentrer sur son jeu au pied. Parce qu’un arrière digne de ce nom se doit d’avoir non seulement un bon jeu au pied, mais surtout, à l’obligation d’être fiable sur le jeu au pied des méchants d’en face. Et notamment sur les chandelles. C’est lui qui doit s’imposer en hurlant : « J’ai ! ». Après, si on veut chipoter, on peut toujours se demander si, quand il hurle « j’ai ! », c’est qu’il va l’avoir, qu’il l’a vraiment, ou qu’il l’a pas du tout. La faute au vent, au soleil, à la nuit, à la pluie, au brouillard, au maillot. La faute à tout sauf à lui, qui pensait franchement l’avoir.
« J’ai ! » Ok, d’accord, mais j’ai quoi ? J’ai les bras trop courts ? J’ai les jetons ? On saura jamais, vu qu’un arrière se contente d’un vocabulaire très sommaire. C’est comme quand il est dans ses 22 et qu’il réceptionne un ballon long. Là, il hurle : « marque ! » pour stopper le jeu, pour faire souffler ses gros et pour éviter de passer au girobroyeur adverse.
Comme on peut le voir, l’arrière ne sait dire que : j’ai et Marque, et certains ont réussi à faire une belle carrière rien qu’en utilisant ces deux mots. Bravo à eux, mais c’est pas comme ça qu’on va comprendre ce qu’ils foutent vraiment sur un terrain.
A tous les arrières qui ont, qui vont avoir ou qui pensaient avoir…

A Pouyastruc, on en avait un qui réceptionnait les balles hautes en glissant sur les genoux, comme les footeux qui viennent de marquer un but. Les meufs du bord de touche en étaient folles de ce flambard

L' écrivain du rugby.



Et voilà, on les a tous fait : le pilier rural, le talon inutile, le seconde pompe incompris, le troisième ligne aile fainéant et le grand huit qui sert à rien. On a vu aussi cette charogne de neuf, et ce bon à rien de dix de série. On a décortiqué l’incompréhensible poste de centre et le difficile rôle de l’ailier en réserve. Et bien sûr, on a expliqué l’arrière qui dit j’ai même quand il l’a pas.
Un jour, on s’attaquera peut-être aux autres postes, même si en cherchant bien au fond de cette page, on pourrait retrouver ces postes incontournables pour un club, que sont le soigneur animalier, le chauffeur de car kamikaze, le bénévole anonyme, l’entraineur méticuleux, le président chafouin ou le trésorier qui prie pour des défaites sans primes de matchs.
En attendant, on va donc tenter de parler du poste d’écrivain de ce rugby autant amateur l’un que l’autre. Parce que oui, et vous l’aviez remarqué, ici on cause surtout du rugby qu’on voit pas à la télé et qu’on ne lit pas assez dans les journaux. On s’en fout un peu du rugby professionnel. On s’en tape de savoir que Machin a joué que huit , que Bidule a été un grand incompris des sélectionneurs ou que Villepreux est l’inventeur de l’arrière intercalé. C’est pas notre problème. Donc quand je lis : si t’avais joué , tu saurais que… je trouve ça rigolo..Si j’avais joué, j’aurai su qu’un dix peut être bon même en série, qu’un centre ne sert pas à rien, qu’un talonneur a besoin de ses piliers etc etc..Mais pas aujourdhui, j'ai pas le temps
Aujourd'hui, pendant que les copains tenteront de décrocher leur première victoire, je serai dans un beau salon du livre consacré au sport et je suis super content d'y etre invité. Ça sera à Cebazat et ça va être bien de rencontrer plein de nouveaux gens..Vous trouverez le livre d’un écrivain du rugby aux éditions de la Flandonniére ou à commander dans votre librairie préférée..

Si vous avez aimé, n'hésitez pas !

Octobre rose.


Elle est arrivée comme tous les dimanches de match à l’heure précise où on lui a dit de venir. Maquillée et pimpante comme d’habitude, elle a commencé à préparer ses petites affaires : caisse, petite monnaie, billetterie plein tarif et tarif réduit. Ensuite, elle est partie ouvrir la guitoune des entrées comme chaque dimanche à la maison depuis une bonne dizaine d’année. Sans faire de bruit, sans se faire remarquer. Elle connait sa fonction et ça lui va bien. Elle fait tout comme d’habitude. Sauf qu’aujourd’hui, c’est justement pas comme d’habitude. D’habitude, elle ne vient pas maquillée. Elle a jamais eu besoin de maquillage parce que ça sert à rien, à part cacher son âge, mais ici, son âge tout le monde s’en fout. Aujourd’hui, elle a préféré cacher sa misère, sa sale gueule comme elle dit. Elle avait réussi jusqu’à présent à tenir tête à cette putain de maladie, mais aujourd’hui c’est plus possible. Alors elle cache la misère et ça lui va bien. C’est ce putain de crabe qui l’use, la fatigue, l’affaiblit. Mais aussi méchant et sournois fut-il, il peut pas lutter contre un match à domicile. Elle, elle a dit qu’on pourrait compter sur elle quoi qu’il arrive, alors elle est là, fatiguée, vieillie, mais bien plus solide qu’on croit. Elle est là parce que ce club, c’est sa raison de vivre. Elle est là pour penser à autre chose, pour voir du monde heureux, pour voir la vie s’agiter autour d’elle. Rien que des bonnes raisons pour passer un bon moment avec les copains et avec ces joueurs qui l’ont toujours respecté. Elle fait plus que partie du paysage et c’est pas une saloperie de cancer qui va lui faire la cerise. C’est comme ça qu’elle voit l’affaire : tant qu’elle est au stade, tant qu’elle fait les entrées et tant qu’on lui demande rien, ça lui va. Sûrement qu’il y en a qui savent. Sûrement que ça commence à se voir qu’elle est malade, mais vu qu’on dirait qu’elle ne veut pas en parler, les autres ne lui demandent rien. Et puis de toute façon, c’est pas en restant cloitrée chez elle à pleurer sur son sort, qu’elle va avancer. Elle, elle avancera grâce au rugby, grâce à ses fonctions de bénévoles, grâce aux victoires de ses protégés qui lui donneront le sourire et même peut-être grâce aux défaites qui lui donneront la rage. Elle avancera en même temps que le calendrier. Elle choisira ses semaines de soins en fonction des matchs à venir. Les traitements, les analyses, c’est bien beau, mais rien ne vaut le grand air et les matchs pour garder la pêche et penser à autre chose.
A toutes celles qui…..

Les petits carnets de Monsieur Rusigby…



J’en avais parlé il y a quelques temps : aider un jeune passionné par l’édition de bouquins. Un petit jeune de Brioude qui se lance dans l'édition et que j’ai proposé d’aider un petit peu, en sortant chez lui, ce premier petit carnet de Monsieur Rusigby, spécial école de rugby. 10 petites chroniques sur l’école de rugby, et plutôt destinées aux parents. 10 chroniques drôles, émouvantes ou acides sur la vie d’une école de rugby pour 5 euros.
1 : le piége. L’histoire de parents qui se sont retrouvés bénévoles actifs sans même s’en rendre compte ;
2 : Mes potes et moi. Pourquoi on a aimé l’école de rugby et pourquoi les autres aussi.
3 : Boxing day : L’occasion annuelle pour plusieurs gamins de se rendre à un match de top 14.
4 : École de rugby/projet de jeu. Un ancien du gaz qui pense avoir l’idée du siècle pour rentrer dans la légende des éducateurs…
5 : J’ai huit ans pendant la pandémie. Le récapitulatif de tout ce qu’on a dit aux mômes pendant tout ce cirque et l’incompréhension de tout ça.
6 : La grappe : Les U6 et le passage par l’obligatoire grappe.
7 : Ecole de rugby : 1000 bonnes raisons : Bon, c’est vrai que dans cette chronique y en a pas tout à fait 1000, mais il y en a quand plein de ces bonnes raisons pour envoyer vos enfants en EDR .
8 : Jeannette et Pierrot : le retour au rugby après la rentrée scolaire. J’avoue que sur cette chronique, il y a quelques petites erreurs d’impression, mais bon, on débute..
9 : Arbre de Noël : Quand le père Noël sait pas faire et qu’il a un peu trop ses habitudes au club-house.
10 : Souvenirs de tournoi…. L’amour du maillot vu par les tout-petits…

Voilà, à commander sans limites aux éditions Akki….. ou à retrouver peut-être aux bords de quelques terrains d’Auvergne les samedis après-midi
https://editions-akki.fr/
Les petits carnets de Monsieur Rusigby (école de rugby, école de la vie) 5 euros..